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Sarcastik

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Oct 10, 2004
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Voilà c'est une question que je me pose depuis quelque temps à propos de mai 68: D'où sortent les jeunes qui sont dans la rues en 68? pArce que bon je veux bien qu'on me dise oui ils sont descendu dans la rue parce que c'était plus possible tout ça... mais bon ces jeunes ils sortent quand même de milieux favorisés pour se premettre des études en universités et donc a priori ils sont pas trop à gauche politiquement ou alors à quelle exeption près. Donc comment ils en arrivent à être dans la rue, alors même que la révolte n'est pas spécialement la valeur fondamental de la jeunesse à l'époque.

Je parle bien du début du mouvement et ce qui à précéder pas la suite, nan je tient juste à préciser pour avoir ma réponse plus rapidement et éviter les détournements politiques.
 
En fait, la révolte (révolution ?) de 68 commence par un événement totalement anodin : en mars 68, les étudiants exigent de pouvoir rentrer dans les dortoirs universitaires des filles qui ferment vers 22h...
Surréaliste non, et pourtant !

Ensuite tout s'enchaîne, manifestation de protestation quand le recteur refuse, arrive des flics, les étudiants occupent l'unif et les flics les en délogent à la demande du recteur. Ce fait est totalement inédit : jamais depuis l'unif de Paris depuis le moyen-âge, les forces de l'ordre ne sont rentrés dans l'unif, qui est une espèce de sanctuaire, tout comme les églises l'ont été pendant près de mille ans...
Cette action de police va soulever l'ensemble des étudiants... et à partir de là, tout part en vrille : actions, contre-actions des forces de l'ordre, extension des luttes à d'autres secteurs comme les arts, la TV (plus tard). Et on en arrive aux événements de mai 68, avec la jonction des luttes étudiantes et des travailleurs des grandes usines de la région parisienne.

En fait, c'est un rapide tour des événements, ensuite il faudrait analyser le pourquoi, on a assisté à une rébellion de la jeunesse à ce moment.
- 10 ans de gaullisme à poil dur avec une société capitonnée, alors qu'en Angleterre on voit l'apparition de la musique pop-rock, les mini-jupes, un mouvement "naturel" de la jeunesse vers les nouveautés..
- la lutte contre la guerre du Vietnam qui est vécue par une bonne partie de la jeunesse mondiale (occidentale) comme une guerre inique contre un petit peuple qui ne fait que se défendre et demande à pouvoir décider lui-même de son avenir face à l'ogre impérialiste

je pourrais aussi ajouter, pour les parties les plus politisées de la jeunesse, le frémissement qu'on sent venir en europe orientale avec le printemps de Prague...

Il y a certainement encore d'autres raisons...
 
Un bouquin à sortir sur 68 (ou tout juste sorti j'ai pas tout à fait suivi) : Mai 68 en France, B. Pudal, B. Gobille dir., éd. de l'Atelier
J'ai pu lire les épreuves de quelques-unes des contributions, et ça revient sur pas mal de "vérités" communément acceptées sur 68, dont celle que tu énonces, dans une perspective essentiellement sociologique, et dans une moindre mesure historique. Voir les jeunes étudiants de 68 comme issus de milieux favorisés est une grosse mé-représentation des participants du mouvement côté étudiant. Il ne faut pas oublier qu'il s'agissait d'étudiants se trouvant pour une grande partie dans une perspective de promotion sociale (et non de reproduction de la situation de leurs parents), confronté à un bouleversement de l'offre universitaire et professionnelle future. La perspective de l'"enfant gâté" a beaucoup à voir avec les caractéristiques de certaines des figures de 68, qui n'avaient rien de représentatif. Ces caractéristiques étaient aussi bien contemporaines au mouvement (une partie des leaders étaient effectivement plus dotés familialement que la moyenne), que postérieures à lui. On a tendance à croire que puisque les July, Cohn-Bendit etc ont réussi à se reconvertir dans l'après- et l'après-après 68, c'est toute la généraion qui aurait suivi la même voie, et donc c'est toute la génération qui aurait été privilégiée à l'origine. Rien de plus faux dans la réalité.
 
Pero Coveilha said:
Un bouquin à sortir sur 68 (ou tout juste sorti j'ai pas tout à fait suivi) : Mai 68 en France, B. Pudal, B. Gobille dir., éd. de l'Atelier
J'ai pu lire les épreuves de quelques-unes des contributions, et ça revient sur pas mal de "vérités" communément acceptées sur 68, dont celle que tu énonces, dans une perspective essentiellement sociologique, et dans une moindre mesure historique. Voir les jeunes étudiants de 68 comme issus de milieux favorisés est une grosse mé-représentation des participants du mouvement côté étudiant. Il ne faut pas oublier qu'il s'agissait d'étudiants se trouvant pour une grande partie dans une perspective de promotion sociale (et non de reproduction de la situation de leurs parents), confronté à un bouleversement de l'offre universitaire et professionnelle future. La perspective de l'"enfant gâté" a beaucoup à voir avec les caractéristiques de certaines des figures de 68, qui n'avaient rien de représentatif. Ces caractéristiques étaient aussi bien contemporaines au mouvement (une partie des leaders étaient effectivement plus dotés familialement que la moyenne), que postérieures à lui. On a tendance à croire que puisque les July, Cohn-Bendit etc ont réussi à se reconvertir dans l'après- et l'après-après 68, c'est toute la généraion qui aurait suivi la même voie, et donc c'est toute la génération qui aurait été privilégiée à l'origine. Rien de plus faux dans la réalité.

Daccord, donc on situerais plus l'environnement social des jeunes à ce qu'appel Bourdieu une milieu à "bon" capitale culturel (quelque soit la dotation en capitale économique). Très bien, et à la lumière des évènements énoncés par BBours ont est en droit de se dire que cette jeunesse n'est pas spécialement politisé, voir même que par rapport au position politiques des partis de l'époque ses revendications sont a-politiques.

Si on valide cette proposition (je laisse néanmoins ce sujet à débats). Quelle évènements à l'interieur comme à l'exterireur du mouvement vont le faire "basculer" dans le mouvent social général?
 
on valide, on valide... c'est vite dit:p

Déjà il faut voir que dans les générations étudiantes, quelques années de différence n'ont l'air de rien mais sont très importantes dans la socialisation générale, et la socialisation politique en particulier.
Parmi les étudiants les plus âgés (et donc qui ont des caractéristiques particulières liées à l'avancement de leurs études), beaucoup sont passés par les mobilisations contre la guerre d'Algérie par exemple (en tant que lycéens, ou par proximité familiale s'ils avaient des parents investis politiquement etc). D'autres ont été politisés à partir de la contestation contre la guerre au Viet-Nam. D'autres sont entrés en politique au moment des crises dans les mouvements de gauche, et plus particulièrement des mouvements de jeunes ("révolution" dans l'UEC, etc). La plupart des militants ont connu en réalité plusieurs de ces déterminations contextuelles.
On a donc toute une frange bien politisée, et pas mal politisée aux marges de la politique partisane institutionnalisée (le reste étatn surtout chez la Jeunesse Communiste (PCF) à l'influence trop souvent négligée). [et je ne te suis pas du tout sur l'aspect apolitique de la politisation non institutionnalisée]
Le gros des troupes, comme dans tout mouvement social, nous semble insondable : les non militants laissent rarement des traces. Ca ne veut pas dire qu'ils n'étaient pas du tout politisés, mais leur politisation était sans doute moindre, et moins organisée.

Pour l'invocation de Bourdieu, il faudrait être beaucoup plus fin que ça : le capital culturel emmagasiné par une grande partie des étudiants a cela de particulier qu'il semble subjectivement déconnecté d'une assurance matérielle économique à la fois dans le présent du parcours universitaire (thème de la misère du milieu étudiant), et dans le futur des opportunités d'emploi qui semblent bouchées pour une bonne partie des étudiants en sciences humaines et lettres. Ce capital, lorsqu'il est acquis par des jeunes issus de milieux populaires ou de classes moyennes basses, n'est surtout pas encore validé par une reconnaissance extérieure au milieu universitaire : les parents sont certainement fiers des études de leurs enfants, mais ils ne peuvent pas être ceux qui valident la nouvelle identité acquise, les diplômes semblent se dévaloriser à grand train, etc etc etc.
On a à faire en partie à une population d'individus "déclassés" ou "en cours de déclassement" (ne pas y lire quelque chose de négatif malgré le suffixe "dé-" : il s'agit ici de déclassement, de gens qui changent de classe, ici par le haut, vers la classe supérieure, mais dont la nouvelle position sociale n'est pas encore acquise, ce qui est source d'incertitude)
On peut supposer que la plupart des étudiants qui se trouvaient dans cette situation, sans forcément qu'ils l'aient exprimé explicitement, sans qu'ils l'aient mis en mots de manière politique, étaient conscients de ce défi qui s'imposaient à eux, et avaient au moins une forme bien spécifique de conscience politique reposant sur leurs doutes quant au futur de leur génération.
Le fait qu'ils se soient vécus collectivement comme une génération, que leur expérience commune pouvait transcender d'autres différences sociales (de classe, d'origine, etc...) pourrait aussi être ramené à certaines circonstances socio-historiques, mais ça serait aller un peu loin que d'en discuter ici.

enfin un petit rappel qui n'a l'air de rien, mais la plupart des gens passent à côté : les jeunes, ça n'est pas que les étudiants, c'est aussi beaucoup d'ouvriers et d'employés...

Pour ce qui est des événements qui ont conduit aux... Evénements, il faudrait faire une chronologie complexe mettant en relation les microcosmes syndicaux, politiques, étudiants, internationaux... L'exhaustivité semble nécessaire ici pour rendre compte de l'imbrication de différents processus, mais ça serait assez fastidieux de le faire dans un post. Je te renverrais encore une fois au bouquin que j'ai cité.
 
Pero Coveilha said:
enfin un petit rappel qui n'a l'air de rien, mais la plupart des gens passent à côté : les jeunes, ça n'est pas que les étudiants, c'est aussi beaucoup d'ouvriers et d'employés...
Il me semble justement qu'en mai 68 il y a eu deux "révoltes" ou "mouvements" juxtaposés mais bien distincts.
Il y a eu des tentatives de rapprochement entre ouvriers et étudiants mais cela n'a pas vraiment fonctionné.

Pour les étudiants, il faut se souvenir qu'aux US, on est en plein mouvement hippy. Les universités californiennes ont aussi eu leur lot de "révoltes".
Il y a un décalage entre deux générations, celle qui a connu la guerre et le patriotisme, celle qui est née après guerre dans la reconstruction et les 30 glorieuses.
La génération du dessus maintenant la soupape fermée le plus longtemps possible, faut bien que ça éclate dans un grand coup de gueule.

Quand on entend parler du mode de vie et des mentalités pré soixante huitardes, on est parfois estomaqués par le décallage avec ce que nous avons connu (je ne parle pas pour Foulque). C'est pour cela qu'entendre certains politiciens populistes très haut placés dénoncer les conséquences de mai 68 me fait doucement rigoler.
 
Midomar said:
Il me semble justement qu'en mai 68 il y a eu deux "révoltes" ou "mouvements" juxtaposés mais bien distincts.
Il y a eu des tentatives de rapprochement entre ouvriers et étudiants mais cela n'a pas vraiment fonctionné.
effectivement. L'Italie et la France font figure d'exception par rapport au reste du monde occidental à ce sujet. Mais on ne peut pas se contenter de dire qu'ils étaient concomittants. L'un et l'autre mouvement ont participé à créer une situation nationale qui leur a donné à chacun leurs caractéristiques et leur force, donc il est très intéressant de les étudier simultanément.

Les moments de rencontre entre étudiants et salariés et surtout jeunes salariés, s'ils n'ont pas eu tout le succès attendu surtout par les premiers, sont néanmoins très intéressants et permettent de mettre à jour les différentes logiques qui se faisaient concurrence pendant Mai-Juin.

Et puis, je réagissais au fait que, comme d'habitude, on parle de la révolte des "jeunes" en 68 pour en réalité se focaliser sur les étudiants. On retrouve ce réflexe en permanence, qui sert les intérêts des ex-leaders 68ards reconvertis qui ne veulent pas trop se remémorer l'aspect le plus politique du mouvement pour le présenter comme une révolution purement culturelle, ça sert certains intérêts politiques d'ignorer la légitimité ouvrière de 68, etc.