http://www.ledevoir.com/2003/10/21/38749.html
By Jove ! It's Montreal !
Découverte dans une cave de l'université Oxford d'aquarelles exceptionnelles du XVIIIe siècle montrant la métropole et la capitale québécoises
Stéphane Baillargeon
Édition du mardi 21 octobre 2003
Mots clés : Montréal, Grande-Bretagne (pays), Art, tableau
Des aquarelles «uniques et inconnues» de Montréal et de Québec, datant de la fin du XVIIIe siècle, ont été découvertes dans la cave d'un des vieux édifices du Balliol College de l'université Oxford, en Angleterre. Les vues, parmi les plus anciennes des deux villes du Nouveau-Monde, se trouvaient dans un paquet de documents bien ficelé, oublié là depuis plus de cent ans.
Les analyses ont révélé qu'il s'agissait d'oeuvres de l'artiste militaire britannique Benjamin Fisher. Il a été en poste dans la colonie fraîchement conquise du Canada pendant quelques années, à partir de 1785. La douzaine d'aquarelles bicentenaires, dans un état de conservation jugé «exceptionnel» par les spécialistes, montrent les alentours de Québec ou la capitale elle-même, l'île de Montréal et les chutes Niagara.
«La cave contenait essentiellement de vieux meubles et des papiers imprimés sans aucune valeur», dit le professeur John Jones, vice-recteur et archiviste du collège, qui s'est chargé d'expertiser le trésor, après sa découverte, il y a quelques mois. Mais dans le tas, il y avait ce paquet tellement bien enveloppé et ficelé qu'à mon sens il n'avait jamais été ouvert depuis sa confection, vers 1850. Une inscription indiquait : "Drawings by genl Fisher etc".»
Benjamin Fisher (1753-1814) était originaire d'une famille d'artistes. Son plus vieux frère, John Fisher (1748-1825), évêque de Salisbury, était un ami personnel et un mécène de John Constable. Son jeune frère George (1764-1834) connut une brillante carrière d'aquarelliste.
L'artiste soldat devint major-général en 1811, alors qu'il était en poste en Irlande. Il passa la plus grande partie de ses quelque 43 années de service à l'étranger, rattaché au corps du génie. L'armée britannique demandait à ses soldats-artistes de compléter le travail des cartographes. Benjamin Fisher fut dépêché au Canada après la Conquête pour documenter les places fortes et certains lieux stratégiques de la nouvelle colonie. Au moins une de ses aquarelles figurerait déjà dans une collection publique canadienne.
L'université d'Oxford ne conservera pas les siennes. Les douze aquarelles ont été confiées à la maison Bonhams qui les annonce comme le lot principal de sa vente aux enchères du 4 novembre prochain. L'ensemble pourrait rapporter entre 40 000 et 60 000 livres (de 90 000 à plus de 130 000 dollars canadiens).
Des institutions nationales sont averties depuis quelques jours de l'importance de la découverte et de l'imminence de la dispersion possible. Elles définissent maintenant leur position. «C'est une découverte importante et très intéressante, explique Louisa Coates, porte-parole des Archives nationales du Canada. Nous nous y intéressons donc comme d'autres institutions majeures du pays. Par contre, nous ne sommes pas du tout sûrs de faire une offre pour acquérir le lot. Nous n'avons pas de fonds réservés pour ce genre d'acquisition.»
Le directeur du département des oeuvres topographiques de la maison Bonhams confirme qu'il faudra y mettre le prix pour obtenir le retrait des oeuvres de l'encan annoncé. «Ces aquarelles sont uniques dans le sens où elles sont originales, extrêmement rares et dans un état de conservation vraiment exceptionnel», dit Giles Peppiatt, joint hier, à Londres. Le «secret commercial» lui interdit toutefois de préciser combien devrait débourser une institution, canadienne ou autre, pour intégrer les oeuvres du général Fisher à sa collection.
C'est justement le fait que les oeuvres n'aient jamais fait partie de la collection de l'université Oxford qui justifie leur vente rapide. La petite enquête de l'archiviste du Balliol College a permis de découvrir qu'à la mort de l'artiste-soldat, le paquet fut remis à sa fille Elizabeth (1790-1864), alors qu'elle avait déjà épousé sir John Conroy, professeur à Oxford, mort en 1900. «Les aquarelles de Benjamin Fisher sont magnifiques, mais elles n'ont rien à voir avec nous», commente encore le professeur Jones, qui a reconnu immédiatement la main de sir John sur le paquet, puisqu'il avait classifié ses papiers personnels il y a un quart de siècle. «Nous avons déjà beaucoup de documents et de matériels à conserver, note encore l'archiviste de l'institution fondée en 1263. La vente des oeuvres de Fisher pourra nous aider à en entretenir d'autres de notre collection...»
Une petite aquarelle (38,1 X 55,7 cm) de Benjamin Fisher, Montreal viewed from St Helens Island, découverte récemment dans une cave de l’université Oxford. La garnison britannique campait sur l’île Sainte-Hélène quand le soldat artiste a réalisé cette œuvre, vers 1785-1787. L’aquarelle pourrait rapporter plus de 15 000 $ lors d’une vente aux enchères, le 4 novembre prochain, en Angleterre. — Benjamin Fisher, Montreal viewed from St Helens Island
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Alors les gars, je passe le chapeau et on fait une offre?
Plus sérieuement, ça serait bien qu'elles se retrouvent dans un musée histoire de pouvoir les voir.
By Jove ! It's Montreal !
Découverte dans une cave de l'université Oxford d'aquarelles exceptionnelles du XVIIIe siècle montrant la métropole et la capitale québécoises
Stéphane Baillargeon
Édition du mardi 21 octobre 2003
Mots clés : Montréal, Grande-Bretagne (pays), Art, tableau
Des aquarelles «uniques et inconnues» de Montréal et de Québec, datant de la fin du XVIIIe siècle, ont été découvertes dans la cave d'un des vieux édifices du Balliol College de l'université Oxford, en Angleterre. Les vues, parmi les plus anciennes des deux villes du Nouveau-Monde, se trouvaient dans un paquet de documents bien ficelé, oublié là depuis plus de cent ans.
Les analyses ont révélé qu'il s'agissait d'oeuvres de l'artiste militaire britannique Benjamin Fisher. Il a été en poste dans la colonie fraîchement conquise du Canada pendant quelques années, à partir de 1785. La douzaine d'aquarelles bicentenaires, dans un état de conservation jugé «exceptionnel» par les spécialistes, montrent les alentours de Québec ou la capitale elle-même, l'île de Montréal et les chutes Niagara.
«La cave contenait essentiellement de vieux meubles et des papiers imprimés sans aucune valeur», dit le professeur John Jones, vice-recteur et archiviste du collège, qui s'est chargé d'expertiser le trésor, après sa découverte, il y a quelques mois. Mais dans le tas, il y avait ce paquet tellement bien enveloppé et ficelé qu'à mon sens il n'avait jamais été ouvert depuis sa confection, vers 1850. Une inscription indiquait : "Drawings by genl Fisher etc".»
Benjamin Fisher (1753-1814) était originaire d'une famille d'artistes. Son plus vieux frère, John Fisher (1748-1825), évêque de Salisbury, était un ami personnel et un mécène de John Constable. Son jeune frère George (1764-1834) connut une brillante carrière d'aquarelliste.
L'artiste soldat devint major-général en 1811, alors qu'il était en poste en Irlande. Il passa la plus grande partie de ses quelque 43 années de service à l'étranger, rattaché au corps du génie. L'armée britannique demandait à ses soldats-artistes de compléter le travail des cartographes. Benjamin Fisher fut dépêché au Canada après la Conquête pour documenter les places fortes et certains lieux stratégiques de la nouvelle colonie. Au moins une de ses aquarelles figurerait déjà dans une collection publique canadienne.
L'université d'Oxford ne conservera pas les siennes. Les douze aquarelles ont été confiées à la maison Bonhams qui les annonce comme le lot principal de sa vente aux enchères du 4 novembre prochain. L'ensemble pourrait rapporter entre 40 000 et 60 000 livres (de 90 000 à plus de 130 000 dollars canadiens).
Des institutions nationales sont averties depuis quelques jours de l'importance de la découverte et de l'imminence de la dispersion possible. Elles définissent maintenant leur position. «C'est une découverte importante et très intéressante, explique Louisa Coates, porte-parole des Archives nationales du Canada. Nous nous y intéressons donc comme d'autres institutions majeures du pays. Par contre, nous ne sommes pas du tout sûrs de faire une offre pour acquérir le lot. Nous n'avons pas de fonds réservés pour ce genre d'acquisition.»
Le directeur du département des oeuvres topographiques de la maison Bonhams confirme qu'il faudra y mettre le prix pour obtenir le retrait des oeuvres de l'encan annoncé. «Ces aquarelles sont uniques dans le sens où elles sont originales, extrêmement rares et dans un état de conservation vraiment exceptionnel», dit Giles Peppiatt, joint hier, à Londres. Le «secret commercial» lui interdit toutefois de préciser combien devrait débourser une institution, canadienne ou autre, pour intégrer les oeuvres du général Fisher à sa collection.
C'est justement le fait que les oeuvres n'aient jamais fait partie de la collection de l'université Oxford qui justifie leur vente rapide. La petite enquête de l'archiviste du Balliol College a permis de découvrir qu'à la mort de l'artiste-soldat, le paquet fut remis à sa fille Elizabeth (1790-1864), alors qu'elle avait déjà épousé sir John Conroy, professeur à Oxford, mort en 1900. «Les aquarelles de Benjamin Fisher sont magnifiques, mais elles n'ont rien à voir avec nous», commente encore le professeur Jones, qui a reconnu immédiatement la main de sir John sur le paquet, puisqu'il avait classifié ses papiers personnels il y a un quart de siècle. «Nous avons déjà beaucoup de documents et de matériels à conserver, note encore l'archiviste de l'institution fondée en 1263. La vente des oeuvres de Fisher pourra nous aider à en entretenir d'autres de notre collection...»

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Alors les gars, je passe le chapeau et on fait une offre?
Plus sérieuement, ça serait bien qu'elles se retrouvent dans un musée histoire de pouvoir les voir.