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Pero Coveilha

Pape Pie popu (pis grec)
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Aug 28, 2001
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Histoire et Mémoire, un vieux débat qui ressurgit à l'occasion de la récupération du personnage de Guy Môquet par Sarkozy.

Le Monde a demandé a recueilli les réflexions de quelques profs "Je ne lirai pas la lettre de Guy Môquet à mes élèves"

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"La mémoire n'est pas l'histoire"

En demandant de faire à nos élèves la lecture de la lettre de Guy Môquet, Nicolas Sarkozy, et avec lui une pléiade d'hommes politiques et de faiseurs d'opinion, de tous bords, confondent une nouvelle fois histoire et mémoire. Ils nous demandent de substituer à la raison, qui constitue le fondement de notre système éducatif, l'émotion, le sentiment. A vrai dire, ils ne sont pas les premiers à faire du passé un moment permettant d'éclairer le présent, de lui donner du sens – principe sur lequel s'est construite la science historique -, mais comme un patrimoine qu'il faut conserver à tout prix, dans son intégralité, quitte à n'y rien comprendre.

Désormais, l'histoire est mise au service de la mémoire, "comme le traduit bien l'injonction du devoir de mémoire adressée aux historiens et qui définit leur fonction sociale présente"(1).

Or, la mémoire n'est pas l'histoire. Au contraire, ces deux mots s'opposent terme à terme. Comme le rappelle Pierre Nora, la mémoire est le souvenir confus, irrationnel et partial de faits passés. Ainsi, la demande de mémoire est l'affirmation d'un "c'était mieux avant", surchargé de nostalgie, propre à une société qui a perdu foi en son avenir. Le devoir de mémoire se résume en une volonté de se réfugier et de se rassurer dans un passé fantasmé. En revanche, l'histoire permet de se "libérer de la mémoire, [de] mettre en ordre ses souvenirs, les replacer dans des enchaînements et des régularités, les expliquer et les comprendre, transformer en pensé un vécu affectif et émotionnel"(2).

Notre société ne peut donc retrouver une quelconque confiance en s'appuyant sur la mémoire : il faut impérativement la transformer en histoire. Il faut dépasser l'émotion de la mémoire, pour retrouver la raison de l'histoire. En lisant la lettre de Guy Môquet, tel qu'on nous le demande, on ne la comprend pas, on ne l'explique pas. Or, pour lui donner un tant soit peu de sens, il vaut bien mieux s'appuyer sur la raison que sur l'émotion.

Sans faire de l'histoire la propriété exclusive des historiens, il n'appartient pas à nos dirigeants politiques, qui ne sont pas des historiens, d'imposer aux enseignants les documents qu'ils doivent utiliser. C'est pourquoi je ne ferai pas lire cette lettre à mes élèves en dehors d'un cours sur la résistance, sans la mettre en perspective, et sans leur demander le moindre effort de réflexion.


(1) A. Prost, Douze leçons sur l'histoire, Paris, Ed. du Seuil, 1996, p. 302.
(2) P. Nora, Mémoire et histoire, pp. 299-300.
François Rullon, professeur certifié d'histoire-géographie au collège Voltaire de Saint-Florent-sur-Cher (18)
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"Faire usage de la raison plutôt que de céder au tout-émotionnel ambiant"
Je suis enseignant (en musique) au lycée Baimbridge de Pointe-à-Pitre.

J'ai prévenu vendredi mes élèves de terminale que je ne leur lirai pas la lettre de Guy Môquet lundi pour deux raisons:

- le refus de faire de l'histoire avec de l'émotion. Aujourd'hui, dans le climat actuel, il est essentiel de faire usage de la raison et d'enrichir un débat d'idées plutôt que de céder au tout-émotionnel ambiant. C'est la condition de la démocratie et c'est comme cela que nous devons former nos élèves pour qu'ils deviennent des citoyens autonomes et critiques.


- le refus de la simplification d'une histoire complexe (la collaboration et l'occupation)

J'aurais pu ajouter qu'il s'agit là du fait du prince sur une question d'intérêt national.

Les propos d'Henri Guaino sur le fait que, salarié par l'État, je devrais renoncer à ma liberté de penser et d'agir sont scandaleux ; mais ils ne m'étonnent guère de la part de l'auteur du discours de Dakar. Je n'en ai pas fait l'exégèse avec mes élèves, mais je le réserve pour une prochaine fois. Nul doute qu'ici nos étudiants seront heureux d'apprendre que la colonisation était pleine de bons sentiments et que l'esclavage fut un malentendu. Quelle ingratitude que la révolution haïtienne et le marronnage des esclaves ! Après tout, la France se dévouait-elle pas pour civiliser ces malheureux africains incapables d'entrer dans l'histoire car trop "bons sauvages".


Bernard Camier, agrégé de musique et docteur en histoire
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"J'estime qu'il y a usurpation historique"

J'ai écrit une lettre à ma proviseure pour lui faire part de mes interrogations au sujet de la commémoration demandée. En tant que citoyen, je n'aime pas voir l'Histoire récupérée à des fins politiques, ce n'est pas un gage de démocratie. Cette commémoration durera t-elle le temps d'un quinquennat, y aura t-il autre chose de la part d'un successeur à l'Elysée ?



En tant que professeur d'Histoire, j'estime qu'il y a usurpation historique : Guy Môquet n'a pas été arrêté à l'automne 1940 parce que résistant à l'occupation allemande, mais parce que communiste : le parti communiste a été mis hors la loi par le gouvernement Daladier et la chambre des députés (NB: celle qui avait founi le Front populaire en 1936...) à l'automne 1939, pour avoir approuvé le pacte germano-soviétique puis lancé une campagne de propagande contre la guerre "impérialiste", voire de sabotage ou désertion (cf Thorez).

Le PC a espéré pouvoir sortir au grand jour lors de la défaite de juin 1940, mais ça n'a pas marché et Vichy a continué ce que la Troisième République avait initié : arrestation des communistes militants et internement dans des camps français.

Retournement en juin 41, l'attaque de l'URSS par l'Allemagne lance le PC dans la Résistance anti-allemande , en particulier en attaquant des soldats allemands en France, ce que les Alliés, de Gaulle et les autres mouvements de Résistance jugeaient contre -productif. Guy Môquet a été victime, comme communiste, de Vichy et de l'occupant, et de la stratégie de son parti, à l'automne 1941. L'âge ne change rien à l'affaire... Depuis 1945, communistes et gaullistes ont monopolisé, pollué le regard de l'historien sur cette période. Il y a quelques jours, des élèves de seconde se sont vu remettre le journal "l'Humanité" à la porte du lycée...

Dois-je évoquer tout cela devant mes élèves? Ou verser dans l'hagiographie que l'on croyait "réservée"aux régimes totalitaires ?


Robert Kasprzyk, professeur au lycée du Creusot (71)
 
Par contre, c'est un bon point de départ pour faire un cours sur "le devoir de mémoire", la récupération de l'Histoire et le populisme... :eek:o :D

[Enfin, heureusement, la plupart des élèves ne retiennent rien du cours d'Histoire...ou de n'importe quel autre cours :D :D ]
 
J'ai pas bien suivis toute l'affaire là, c'est quoi d'un coup cette "envie" de sarkozy de faire lire la lettre de guy môquet?
 
Joukov6 said:
J'ai pas bien suivis toute l'affaire là, c'est quoi d'un coup cette "envie" de sarkozy de faire lire la lettre de guy môquet?

Apparement il a une fascination pour le personnage, l'aurait cité dans un discours en janvier, et au moment de sa victoire il aurait promis qu'elle serait lue dans toutes les écoles.

Bon, première question qui me vient à l'esprit c'est "Dans quel intérêt?".
C'est sensé leur apprendre quoi aux gamins? A leur donner un héros à honorer? :wacko:
Je crains que ce ne soit le premier pas vers la mise en place d'une idéologie nationaliste, même limitée, destinée à servir de support au gouvernement actuel. Je n'aime pas ça du tout.
 
Mauclerc said:
Bon j'ai pas trop suivit cette histoire de lettre de Guy Mocquet, le président à exigé qu'elle soit lue dans tous les collèges et lycées?

oui , il a même envoyer des ministres dans des Universités pour assister a lecture de la lettre ,il y aura même un téléfilm sur le résistant en préparation ....


faut arrêter , bientôt on aura des T-shirts Guy Môquet, comme pour le Che :rolleyes:

pour moi c'est une lettre personnelle a sa famille , je vois pas comment on peut la lire et l'exploiter comme ça
 
Soit dit en passant, le PCF, dans son agonie, mord le ver et l'hameçon, ne pouvant s'empêcher de balancer Guy Môcquet sur sa propre affiche. La mise en abyme de la récupération, c'est pas mal je trouve. :cool:

Sinon, seuls les professeurs de lycée sont théoriquement astreints à cette guignolade - ce qui est heureux, le jour de mon inspection. :D
 
je ne connais ce jeune homme Mocquet mais je suis contre toute ingérence gouvernemental dans la présentation de l'histoire, les pontes et les d'intellectuels de l'EHESS sont déjà suffisement politisés pour en plus imposer une histoire d'état.

Je ne pense pas que cela serve particulièrement son idéologie au nicolas, peut etre que les contestaires reprocheront a cette initiave de sentir le patriotisme anachronique mais je suis bien plus sensibles aux critiques sur l'intervention du président dans ce qu'il doit etre enseigné.

Imaginez que dans quelques mois il propose la lecture touchante d'un officier colonial au sénégal qui explique avant de se faire manger par un éléphant comment il a désenclavé un village isolé et sauvé toute un peuple de la famine...
 
m'enfin raconter que la création de l'histoire n'est pas un acte politique est aussi une vaste blague.

le courant historique marxiste des années 60-70 prenait toujours l'histoire par les aspects politique et de confrontation des classes, mais des bouquins sur la rome antiques étaient orientés de cette facon.

Faire de l'histoire c'est aussi écrire avec son temps, les historiens sont des hommes et ceux qui interpretent l'histoire souvent des politiques.

Il y a t'il déjà eu dans des Etats démocratiques un volonté d'histoire officielle?

le Etats-Unis?

Le seul exemple que j'ai en tête c'est bien le Japon qui s'est construit une histoire officielle de toute pièce et ce n'est pas les historiens qui ont proposés des pistes de reflexion mais bien les dirigeants et cadres de la nation qui ont crée un mythe à la fin de la seconde guerre mondiale.
 
Pedro Cabral said:
Il y a t'il déjà eu dans des Etats démocratiques un volonté d'histoire officielle?

le Etats-Unis?

Le seul exemple que j'ai en tête c'est bien le Japon qui s'est construit une histoire officielle de toute pièce et ce n'est pas les historiens qui ont proposés des pistes de reflexion mais bien les dirigeants et cadres de la nation qui ont crée un mythe à la fin de la seconde guerre mondiale.
Et la France de la IIIe ?
 
Bien sur, bien sur

Mais je parle d'histoire actuelle, avant 45 et je dirais meme avant 90 beaucoup de pays instrumentalisaient leur histoire, il n'y qu'a lire les biographies de César ou Auguste.

Maintenant dans un monde mondialisé ou les idées se diffusent et les avis se rencontrent plus facilement, je cherche encore des exemples dans des pays démocratiques.
 
Ben quand tu regardes l'enseignement de l'histoire au primaire voire au collège j'ai bien l'impression que ça n'a pas tellement changé depuis.... Le bon roi Henri IV et sa poule au pot, Napoléon qui a pas eu de chance sur la fin mais était un bon empereur pour les francais, etc.

Et mine de rien ça reste.

L'Autriche il me semble a pas mal tendance à se dédouaner du nazisme, mais je ne sais pas à quel point c'est vrai.

La suisse je crois n'a pas fait le point sur sa conduite pendant la seconde guerre.

Et puis les anglais qui croient qu'ils ont battus nappy alors qu'on les a laissé gagner. :D
 
oui mais enfin tu ne vas pas expliquer les mecanismes et les principes de la periode napoléonienne a des gamin de primaire, il faut que ca leur reste c'est tout. je trouve que l'idée imperiale est bien rendue et pis c'est pas un crime de glorifier un peu son histoire tant qu'on parle de tout.

Les allemands nottament ont fait un super boulot pedagique sur la seconde guerre mondiale ce que les autrichien si je comprend bien ne font pas vraiment.

Qu'en est il en espagne pour la periode franquiste?
 
Pedro Cabral said:
oui mais enfin tu ne vas pas expliquer les mecanismes et les principes de la periode napoléonienne a des gamin de primaire, il faut que ca leur reste c'est tout. je trouve que l'idée imperiale est bien rendue et pis c'est pas un crime de glorifier un peu son histoire tant qu'on parle de tout.
Justement, il y a une différence entre enseigner la légende napoléonienne et "parler de tout", notamment des centaines de milliers de morts et de la dictature qui sont pourtant des notions compréhensibles pour un gamin de primaire, plus à mon avis que l'importance du code civil, des lycées ou de la banque de France. ;)
 
Justement, il y a une différence entre enseigner la légende napoléonienne et "parler de tout", notamment des centaines de milliers de morts et de la dictature qui sont pourtant des notions compréhensibles pour un gamin de primaire, plus à mon avis que l'importance du code civil, des lycées ou de la banque de France.

Des notions compréhensibles je suis pas trop d'accord en tout cas pas pour une majorité de ces "gamins" qui ont surement d'autre préocupation et pour qui un cour d'histoire est plus rébarbatif qu'autre chose.

je ne sait plus qui j'ai lu sur ce forum et qui disait que comprendre l'histoire est une démarche personnel et pas imposé. tout le monde peut apprendre bettement un cour de 40 page sur tel ou tel période de l'histoire, la comprendre est beaucoup plus difficille pour ces gamins.
 
exactement, je distingue deux phases d'apprentissage historique.

Une phase de découverte avec des élements marquants et une seconde plus personelle qui doti etre motivée par l'envie ou la curiosité.
 
Bonjours a tous.
Je suis lycéen et j'ai 15 ans, j'ai lu tout vos post j'aime bien vos idée, vos débat.

Au début vous parliez de la lettre du jeune fils de communiste(je sais plus son nom), mon profésseur de français nous à fait cette lecture. J'ai écouté (je croi bien que devais être un des seuls de la classes) et je trouve que cette lettre n'a pas sa place dans une lecture dans un lycée. C'est un document personnel.

Mais je ne comprend pas vos débat politique, peut être ai-je encore des chose à apprendre et dois-je grandir et murir encore, mais peut être que cela est bien, moi je ne vois pas qu'est ce sa m'apporte mais bon certain l'on peut être vu d'un autre oeul. Comme vous dites chacun doit apporté son jugement et sa critique.
 
Tout d'abord bienvenu à toi, billy-bob.

Ensuite, c'est un des reproches qui est fait à l'idée de faire lire cette lettre, c'est qu'elle se base sur un plan émotionel et donc personnel plutot que dans l'histoire en elle meme.