Qu'est ce qu'on considère comme "fascisme originel" pour commencer? Faut-il prendre comme référentiel l'Etat mussolinien des années 20-30 comme paradigme de l'Etat fasciste?
Le problème c'est que ya aucun bouquin de l'époque qui expose clairement
Le facisme, pour moi ça ressemble surtout à une dictature d'inspiration droitière (à opposer au stalinisme donc au niveau des inspirations comme le signalait Joukov, parce qu'en l'état si Musso est un ex-socialiste, c'est déçu par celui-ci qu'il entame sa carrière de fasciste) où le nationalisme - jusqu'à l'autarcie - et la composante militaire sont exacerbés, tout le reste étant teinté d'une emprise de l'Etat sur les esprits qu'une dictature classique, à l'époque, n'avait pas: usage des Arts à but propagandiste (futurisme), embrigadement des jeunesses (Fils de la louves et différentes étapes jusqu'aux Chemises), milice militariste d'élite (Chemises Noires)... Quant à l'industrie, s'il faut se référer à l'expérience mussolinienne, on ne peut pas dire qu'il soit très clairement opposé au développement économique des grands groupes tant qu'ils rendent des comptes à la nation et travaillent pour elles (on peut travailler à la "grandeur" de l'Italie et se remplir les fouilles). Mais j'ai toujours vu le fascisme italien comme une forme d'extrêmisme non "abouti", et en cela il diffère du nazisme car ne se donnant pas tous les moyens de son ambition. La terreur politique est là bien sûr, mais pas aussi poussée que dans le système nazi. D'autre part, le fascisme n'a pas su (voulu?) se trouver un ennemi à abattre, et a plutôt parié sur le mirage de l'expansion coloniale et de la grandeur romaine plutôt que de décréter que ceux-ci ou ceux-là étaient les ennemis du peuple italien. Autant il est "facile" de faire tuer ou déporter les juifs et créer un sentiment national autour de cette "cause", autant la politique de conquête, particulièrement en Libye et en Ethiopie, est beaucoup moins fédératrice: des Italiens y meurent, ça ne rapporte rien et en plus c'est loin, ça ne se passe pas en bas de chez vous.
Le culte de la personnalité fasciste, enfin, a ses faiblesses - Mussolini a fait le pari de paraître proche des italiens - vous verrez jamais Hitler sur une affiche en train de couper du blé dans un champ... Ca le sert dans le sens où ça peut compenser certaines faiblesses, mais pas au point de le sauver pendant la guerre. Le fait que ce soient les Italiens qui le virent, puis le tuent, montrent à quel point la terreur qu'il inspirait et sa propre main-mise sur l'Etat pouvaient être toutes relatives. L'adoption de certaines des méthodes nazies, peu avant la guerre, démontrent à mon sens la prise de conscience de la faiblesse du régime - enfin ce sera déjà un peu trop tard, heureusement d'ailleurs...
AJ